En 2021, j’ai effectué un virage à 180 degrés dans ma carrière. Mais en prenant un peu de recul, j’ai trouvé le fil conducteur de cette transition : La sobriété.
En 2019, alors Senior Manager chez Timspirit, j’ai créé le référentiel de bonnes pratiques FinOps, devenu FinOps.World, sous l’égide de Renaud Brosse, co-fondateur du cabinet de conseil et consultant de haute voltige. C’est qu’alors une passion m’animait en particulier dans ma carrière d’informaticien : La sobriété numérique. C’est ce que j’aimais d’ailleurs dans le Cloud Computing, cette capacité à ne consommer que ce dont on a réellement besoin et de pouvoir automatiser la chasse au gaspi sans rogner sur la qualité du service.
Ecologiste convaincu, je vivais déjà la sobriété à d’autres niveaux dans ma vie personnelle. Et c’est bien cela qui m’a permis de changer radicalement de cap en 2021, de quitter le monde de l’informatique et des grandes entreprises pour me recentrer sur une vie plus simple, plus proche de l’essentiel et en rapport plus direct avec la terre : Je suis devenu caviste indépendant dans l’Hérault.
Les artisans vigneron·ne·s que j’ai rencontrés durant mon projet de création de cave à vin m’ont beaucoup appris. Que ce soit en matière de responsabilité vis-à-vis de la terre que nous léguons à nos enfants, aussi bien qu’en matière de patience, car le cycle de vie à la vigne comme à la cave c’est le temps long. Mais j’ai surtout appris leur vision de la sobriété, lorsque, par exemple, ils refusent d’acheter plus d’hectares de vignes malgré le succès de leur domaine et leur incapacité à satisfaire toutes les demandes qui ne cessent d’affluer du monde entier. C’est qu’ils préfèrent rester à petite échelle, seul moyen de rester fidèle à leurs valeurs et de continuer à travailler de manière artisanale et responsable en se concentrant sur la qualité, même si cela doit se faire au détriment de leur enrichissement personnel.
La sobriété, de ce point de vue, c’est la capacité à renoncer à toujours plus de croissance, de rester frugal même dans le succès, d’être patient en acceptant qu’on ne peut pas tout avoir tout de suite, à l’image, finalement, d’une Fine de Faugères, eau-de-vie de vin que l’on laisse vieillir en barrique cinq ans minimum mais le plus souvent 10 ans avant sa mise en bouteille.
Bien sûr, j’entends déjà certains d’entre vous y trouver là un étrange paradoxe à lier le concept de sobriété à une eau-de-vie !